Élégance et raffinement sont deux mots qui reviennent souvent pour évoquer la musique française du XVIIIe siècle. Pour mieux appréhender ce qu’était alors l’esprit français en musique, ce programme réunit trois œuvres mettant chacune en évidence un trait particulier de cet esprit.
Rameau d’abord. Dans la suite d’orchestre d’Hippolyte et Aricie, il nous présente la danse. Elle est en France l’essence même de la musique, quand en Italie c’est dans le chant que la musique puise sa sève. La danse alors est légèreté enthousiaste, cherchant à tromper les lois sans fantaisie de la gravitation et les pesanteurs de ce monde.
Lalande ensuite. Pour nous donner à voir le fameux épisode de l’Exil à Babylone, il utilise les couleurs contrastées des provinces de France : celles bien douces des bords de Loire (n°1 : Super flumina) celles plus franches de Bourgogne et d’Artois (n°12 : Filia babilonis), celles humbles et frustes du Rouergue ou du Gévaudan (n°9 : Adhaereat)… Comment de pas s’apercevoir que les couleurs qui sont à l’origine des œuvres du Debussy et Poulenc, puisent à la même source ?
Campra enfin . Son illustre Requiem est un témoignage précieux sur la manière dont les Français regardaient la mort. La retenue française nous dispense de hurlements de terreur ou de lamentations gémissantes. La douceur de Campra procède ici d’une nature étonnamment proche de celle de Fauré quand il compose son Requiem.
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Suite pour orchestre d’Hippolyte et Aricie
Michel Richard de Lalande (1657-1726)
Super flumina babilonis
André Campra (1660-1744)
Requiem
Le Palais royal, chœur et orchestre sur instruments anciens
Solistes :
Hasnaa Bennani et Charlotte Mercier, dessus
Philippe Gagné, haute-contre
Jeffrey Thompson, taille
Anicet Castel, basse-taille
17 chanteurs
15 instrumentistes
Direction musicale : Jean-Philippe Sarcos
Durée : 1h30
De l’énergie à réveiller les morts. De l’enthousiasme, de la générosité à revendre […] Le Palais royal maintient jusqu’à la fin le cap du raffinement et de l’authenticité.
Pierre-Olivier Febvret, La Montagne, 25 août 2014
Dans le Requiem de Campra, les cordes, heureusement stimulées par le dynamisme constant de la direction de Jean-Philippe Sarcos… Devant l’enthousiasme du public, Le Palais royal offre deux bis.
Laurent Bury, Forum Opera, 6 novembre 2014
L’interprétation a du peps, du jarret […] le chef, fiévreux, engagé, attentif aux contrastes de rythmes et d’instrumentation.
Olivier Rouvière, Concertclassic, lundi 10 novembre 2014
Festival de La Chaise-Dieu
Les Flâneries Musicales de Reims